Moisei Ginzbourg est un architecte constructiviste, né à Minsk en 1892, et mort à Moscou en 1946. Son influence est absolument majeure sur l’architecture moderne tant par ses innovations techniques, que par ses apports conceptuels qui ont été développés pour beaucoup dans son livre manifeste Epoque et Style (1924). Son immeuble de référence, le bâtiment du Narkomfin, le premier condensateur social réalisé, très proche de l’esprit des bâtiments futuristes de Sant’ Elia, est considéré comme une des références absolues de l’architecture moderne, du fait même qu’il ait largement influencé les Unités d’ Habitation de Le Corbusier.
Biographie de Moisei Ginzbourg
Moisei Ginzburg grandit dans un contexte politique complexe. Issu lui-même d’une famille d’architectes, ses origines juives l’empêchent de poursuivre des études d’architectures en Russie, c’est la raison pour laquelle il obtient une bourse pour aller étudier à Milan à l’Academia di Belli Arti. Il a ensuite opté pour une formation technique à l’ Institut polytechnique de Riga (diplôme obtenu en 1917). Après avoir passé quatre années en Crimée à étudier l’architecture populaire Tatar, Ginzbourg s’installe à Moscou, où il enseigne l’histoire et la théorie architecturale à l’École technique de Moscou et à la faculté d’architecture de l’Ecole d’Art, les fameux Vkhoutemas.
Style et Epoque
Au début des années 20, une époque nouvelle s’ouvre en Russie, les révolutions de 1917 et la guerre civile commencent à être digérées, et le Monument à la Troisième Internationale de Tatline (1919), jamais construit, fait entrevoir des possibilités nouvelles dans l’architecture qui mettent en valeur la culture prolétarienne. C’est justement le propos de Ginzbourg dans son ouvrage référence Epoque et Style dans lequel il oriente son discours vers le rôle civilisateur de la machine en théorisant sa capacité à faciliter la « mécanisation de la vie » et de rationaliser de nouveaux types de besoins des masses.
Ginzbourg soutient l’idée que toute nouvelle civilisation crée une architecture qui est « constructive » dans l’accomplissement de ses propres impératifs vers de nouveaux types de bâtiments avant d’atteindre la «maturité» et finalement succomber à la décadence de la surabondance de l’ornement.
Affirmant que la révolution avait engendré une nouvelle phase constructive du développement historique et architectural , le traité de Moisei Ginzbourg est devenu un véritable manifeste de l’architecture constructiviste.
Formation du groupe OSA
En 1925, Moisei Ginzbourg forme avec Alexandre Vesnine le groupe OSA (Union des architectes modernes) qui édite la fameuse revue Sovremennaya de Arkhitektura qui devient une des références majeures de l’architecture moderne.
Moisei Ginzburg y développe, dans plusieurs articles, les bases du fonctionnalisme. La méthode fonctionnelle, selon Ginzbourg, doit s’orienter vers la construction de prototypes , de composants standardisés , et le regroupement de toutes les activités selon des fonctions connexes. Elle rejette la notion de style (a priori).
L’oeuvre de Moisei Ginzbourg
En 1926, Moisei Ginzbourg conçoit les appartements Gosstrakh (21 rue Malaya Bronnaya à Moscou) dessinés en 1926. Ce bâtiment est très largement influencé par l’architecture de Le Corbusier.
– En 1928, Moisei Ginzburg commence à dessiner un immeuble de logements pour les ouvriers aux travailleurs du commissariat des Finances, le Narkomfin (achevé en 1932), qui restera son chef d’oeuvre absolu et une référence majeure de l’architecture moderne. L’idée était d’offrir un condensateur social à ces ouvriers qui offrait des services de logement, de crèche, de restauration (…). Le toit-terrasse de l’immeuble était à l’origine végétalisé. Le Corbusier en étudia précisément les plans, et s’est largement inspiré de l’approche de Ginzbourg pour réaliser ses Unités d’Habitation.
– En 1928, il dessine également le bâtiment du gouvernement d’Alma-Ata (Kazakhstan), qu’il termine en 1931.
– En 1931, il concourt pour le palais des soviets en offrant un projet complètement avant-gardiste qui n’est pas retenu par les autorités soviétiques
– A partir des années 30, Ginzbourg s’intéresse de plus en plus à l’urbanisme et décline ses idées autour de projets souvent comme la ville verte. Il dessine également les plans de plusieurs capitales des certains républiques soviétiques.
Les années 30 et fin de vie
Les années 30 sont décisives pour l’URSS, le Réalisme Socialiste commence à être imposé par Jdanov et Staline. Le mouvement constructiviste se retrouve en quelques années complètement marginalisé, et Ginzbourg est condamné à travailler en dehors des grands centres de décision ; excepté dans sa ville natale où il travailla sur des projets beaucoup moins radicaux que dans les années 20.
Au milieu des années 30, Ginzbourg se concentre dans ses nouvelles approches théoriques qu’il décline autour de trois écrits :
- Le Logement (1934).
- Construction de logements industrialisée (1937)
- Histoire de l’architecture (contributions).
Durant les années 40, il dessine plusieurs projets et notamment le projet de Sanatorium de KISLOVODSK, un peu inspiré du Narkomfin, comme l’indique ce reportage :
Ginzbourg meurt le à Moscou.