Curzio Malaparte voulait une maison qui lui ressemblât.« Symbole de sa modernité, aussi bien que de son désir de se mettre en scène et de son goût de la provocation » comme disait Fabio Gambaro dans l’énigme Malaparte.
C’est donc par ces mots qu’il a demandé à l’architecte rationaliste Adalberto Libera de dessiner les plans de sa future maison située sur une colline de la baie de Capri …
Mais beaucoup disent que la villa Malaparte est avant-tout une réalisation de l’écrivain italien. L’architecte ne servant que de porteur de papier pour le permis de construire. Que voulez-vous ? il faut connaître les toscans pour comprendre que l’architecture résidentielle est une opération délicate dans son mode convenu et petit-bourgeois.
Kurt-Erich Suckert voulait donc bien finir sa vie … lui qui l’avait si mal commencée, embrigadé dans les jeunesses fascistes. Il voulait bien finir, c’est ce qu’il aimait à répéter … et faire tout l’inverse de Bonaparte ; lui qui avait plutôt bien commencé, et très mal terminé … D’où ce nom d’emprunt : Malaparte …
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Comme vous le voyez, la maison est située dans un cadre assez exceptionnel. Elle est accessible uniquement en bateau ou en marchant très longtemps … d’où l’exploit et les péripéties de sa construction … A ce titre, les maintes rénovations de la villa ont vivre un appareil artisanal local pendant des dizaine d’années.
La maison épouse donc les canons de la géométrie rationaliste. Elle est construite autour d’une » parallélépipède de maçonnerie rouge entaillé par un monumental escalier en pyramide inversée conduisant au toit-solarium » wikipedia.
L’élément architectural dominant est donc l’escalier dont les 99 marches se superposent du bas de la falaise jusqu’au toit-solarium. A ce propos, il est assez intéressant de voir comment Jean-Luc Godard a exploité cet escalier dans le Mépris. Je vous laisse libre de l’interprétation.
L’histoire de la villa Malaparte -ou villa du jeudi- est aussi rocambolesque que l’histoire de son propriétaire. En 1957, Malaparte, voyant sa santé se dégrader, a décidé de léguer cette villa au gouvernement chinois qui, selon l’écrivain, semblait être la seule entité à incarner ses idéaux politiques. Si bien que les autorités chinoises se trouvaient propriétaire de ce bien sans trop savoir qu’en faire. D’où les divers dégradations que ce bâtiment a subit durant la deuxième moitié du XXème siècle. Car la villa était plus ou moins laissée à l’abandon.
S’inquiétant de cela, la population locale a plusieurs fois entrepris diverses rénovations de fortunes avant que les autorités chinoises ne cèdent définitivement ce bien. Durant les années 80 est entrepris un énorme chantier de rénovation auquel prend part la fondation Ricci qui en devint le propriétaire.
La fondation, refusant que cette villa devienne un musée, en a fait lieu d’étude de l’architecture. A ce titre, tout comme pour la villa Noailles, divers événements culturels y sont organisés.
Reconstitution de la villa en images de synthèse avec visite des intérieurs :